Définir son projet de gestion de l’eau
Avant de prévoir des installations et des adaptations de pratiques, il est nécessaire de définir quels sont les besoins en eau du système (exploitation agricole), les ressources dont celui-ci dispose déjà et ce qui peut être mis en place pour combler le manque. Le projet de gestion de l’eau passe par plusieurs étapes :
A) Délimitation du système
B) Ressources
C) Besoins
D) Équilibrer ressources et besoins : Estimer les besoins en stockage de l’eau
A) Délimitation du système et identification des éléments du système
Il est utile dans un premier temps de délimiter clairement son système, c’est-à-dire sur quel objet porte ma préoccupation vis-à-vis des enjeux de l’eau : l’exploitation agricole, la parcelle, ou autre ?
D’autre part, il convient d’identifier les éléments inclus dans mon système (ex : exploitation agricole) qui sont impliqués dans la gestion de l’eau. Par exemple, la toiture d’un bâtiment peut permettre de récolter l’eau pluviale, une cuve permet de stocker l’eau, etc.
B) Ressources : lister et détailler les approvisionnements de l’exploitation
Les ressources en eau désignent l’eau qui peut être mobilisée pour l’activité agricole. Cela peut provenir des précipitations, des cours d’eau (pompage), des nappes d’eaux souterraines (pompage) ou du réseau d’eau (robinet).
Dans l’optique d’équilibrer les ressources et les besoins en eau, il sera capital d’obtenir une estimation des ressources mensuelles sur l’année de ces différents approvisionnements.
Précipitations
La pluviométrie est une ressource intermittente. Les données peuvent être obtenues de différentes façons :- Données payantes, fiables et couvrant finement le territoire : MétéoFrance, Wheather Mesures…
- Données gratuites et peu exploitables : données publiques MétéoFrance
- Données privées ou communales : pas toujours régulier et informatisé
- Données gratuites, relativement fiables mais couvrant moins finement le territoire : meteociel.fr et équivalents.
Eaux superficielles et puits
Pour les eaux issus des eaux superficielles et des puits, il sera possible de mesurer directement le débit. Il sera intéressant de réaliser une mesure saisonnière du pour estimer les évolutions du débit mois par mois.Forages
Pour les eaux issues de forages, il sera aussi possible de mesurer directement le débit, lequel devrait à priori être constant au cours de l’année. Il sera néanmoins utile de s’en assurer.Réseau d'eau agricole
Le volume l’eau issue des réseaux d’eau agricole sera connu par l’abonnement au service. Cependant, la qualité de l’eau peut parfois être douteuse selon l’origine du pompage (ex : fleuve pollué). De plus, la disponibilité est parfois saisonnière.Réseau d'eau potable
Enfin, le volume de l’eau issue des réseau d’eau potable sera aussi connu par l’abonnement au service. Si la qualité est bien meilleure, ce sera une solution à considérer en dernier recours, sauf besoin sanitaire.C) Besoins : Estimer ses besoins en eau
Une fois son projet agricole clairement défini, les besoins peuvent être reconnus.
L’irrigation concerne le maraîchage, la culture de P.P.A.M., l’arboriculture, les grandes cultures et la viticulture. Les données des besoins en eau peuvent être issues de mesures personnelles des consommations, de données indicatrices pour le secteur (accessibles auprès de chambres d’agriculture, d’organisation agricoles, de centres de formation, etc.) ou encore de données d’agriculteurs voisins.
En termes de références, un référentiel des besoins en eau d’irrigation à été produit sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : referentiel_des_besoins_en_eau_d_irrigation_en_paca_2014.pdf (8.5MB)
L’abreuvement concerne l’élevage. Les sources des données des besoins en eau sont les mêmes que pour l’irrigation. Cependant, la qualité de l’eau pour les activités autour de l’élevage est souvent encadrée, limitant par exemple l’usage d’eau pluviale.
D) Équilibrer ressources et besoins
Après l’inventaire des ressources en eau existantes et le calcul des besoins en eau définis selon son projet agricole, il reste à estimer les besoins de stockage en eau nécessaires selon la disponibilité de l’eau, pour chaque ressource, au cours de l’année.
En comparant les ressources et les besoins tout au long de l’année, on peut notamment estimer les besoins de stockage dans une optique d’autonomisation en eau. Pour cela, pour chaque mois, il sera possible de déterminer si la possibilité instantanée en eau suffit à couvrir les besoins des cultures, selon le calcul suivant :
Besoin de stockage (m3) = Besoins en eau (m3) - Ressource prélevée (m3)
Les besoins en eau désignent l’eau nécessaire pour un mois donné à l’ensemble de l’activité agricole donc :
Besoin en eau (m3) = Besoin en irrigation (m3) + Besoin en abreuvement (m3) + Besoin nettoyage matériel (m3) + Besoin domestique (m3) + Autres besoins (m3)
La ressource prélevée désigne l’eau accessible de manière instantanée, que ce soit par précipitation ou par extraction d’eau superficielle ou souterraine. Ainsi :
Ressource prélevée (m3) = Précipitations (mm) x 1000 + Débit extraction cours d’eau (m3) + Débit extraction puit (m3) + Autres ressources (m3)
Si le besoin de stockage obtenu est positif, alors les besoins sont supérieurs aux ressources et il faut prévoir des aménagements pour stocker l’eau de sorte que l’eau excédentaire une période donnée soit stockée pour être réutilisée pour des périodes plus sèches. Naturellement, certaines cultures seront difficile et/ou onéreuses à entretenir si elles ne sont pas adaptées aux conditions pédo-climatiques du site et/ou si la ressource en eau est faible.
Si le besoin de stockage est négatif pour tous les mois, alors la ressource est supérieure aux besoins. Les aménagements à réaliser pour stocker l’eau seront minimes. Il pourrait même être nécessaire de réaliser des aménagements pour évacuer l'eau (ex : drains).